A coté de l'image devenue classique de la folie véhiculée
par la société artistique des différentes époques
: grossièrement de la Nef des Fous à l'art brut (sorte
de boucle fermée où le sujet devient l'auteur), la psychiatrie
ne s'est pas lassée de produire ses propres iconographies, que
ce soit les images d'Epinal de Pinel délivrant les aliénés,
ou les curiosités du Cours de Charcot, voire les représentations
critiques avec des films comme Vol au-dessus d'un nid de coucou. Le
psychiatre lui-même a usé de tout son art pour la représentation
des maladies qu’il soignait et a laissé derrière
lui multitude de matériels : croquis et gravures d'aliénistes,
moulages phrénologiques, collections photographiques de cours
d’asile etc...
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Or aujourd’hui il ne reste pas grand-chose d'autre que la réclame
médicamenteuse pour le psychotrope pour peindre la folie. C’est
la preuve que le psychiatre a lâché le crayon, et le symptôme
d’une culture indolente qui n’a plus besoin de Wharol pour
recycler sa publicité en art.
Cet état de fait a non seulement le mérite de témoigner
de la volonté marchande et pharmacologique de la médecine
contemporaine, mais a du même mouvement effacé du musée
le visage de la maladie mentale, à présent remplacé
par la figure lisse d'un top-modèle affable quand ce n’est
pas simplement par une synapse enluminée.
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